Année 2009
8 mois à Santiago et quelques voyages
La frontière, 12 août 2009
Le passage en bus du territoire Chilien à la Bolivie me laisse l’impression d’une brusque transition. Comme si le code couleur général avait changé. Comme si l’air respiré était différent. Les visages sont devenus indiens, ornés de chapeaux ou de chevelures tressées. Les vêtements se sont amplifiés d’étoffes de laines frangées et bordées de motifs. La lumière est intense. Ocres, oranges, sable, ciel d’un bleu pale et limpide.
L’arrivée à La Paz est surréaliste autant que douloureuse. Ma tête est comprimée sous la pression atmosphérique des 3600 mètres d’altitude, et la ville folle m’entoure de ses millions de maisons de briques dévalant les collines.
Et là, sur terre, voitures, bus, micro-taxis se précipitent de toutes part vers d’inconnues destinations, klaxonnant, fumant, tandis que hommes, femmes, enfants, tentent de les éviter tout en accomplissant leurs tâches quotidiennes. Des zèbres nous font traverser la rue, ce qui peut paraître étrange, voir saugrenu. Pourtant c’est le déguisement officiel des agents employés spécialement pour assurer la sécurité routière, en référence à l’animal totem de l’équipe de foot locale.
On est peut-être dans un dessin animé. Pourtant devant moi, un enfant de pas plus de 4 ans, assis par terre, cire des chaussures. Il ne regarde pas de dessins animés et son avenir semble limité à la rue. La rue où tout grouille, tout se crée, tout prolifère, tout se défait, tout disparaît puis tout se dit, tout s’échange, tout s’achète, tout se fabrique, tout se débrouille puis tout se brouille…